Sommeron
Petit village de l'ancienne Thiérache, bâti près d'un ruisseau, à 60 k. au nord de Laon et 16 de Vervins, autrefois de la généralité de Soissons, des bailliage et élection de Guise, diocèse de Laon, aujourd'hui du canton de La Capelle, arrondissement de Vervins, diocèse de Soissons. Ce village tire son nom de sa position près du ruisseau nommé le Sommeron. Ce village faisait autrefois partie du duché de Guise. (Dict. de Melleville)
La cense de Sommeron, propriété de l'abbaye royale Saint-Nicolas de Clairfontaine, est à l'origine de l'actuelle commune. Il s'agissait d'une importante ferme soumise au cens, redevance foncière que ses locataires devaient verser une fois l'an aux seigneurs abbés. Fondée au XIIe siècle par les moines prémontrés, dans le but d'exploiter un territoire agricole donné et d'en tirer d'importants revenus, elle est pourvue dès le départ des édifices nécessaires à son autarcie : logis pour les fermiers et leurs domestiques, granges, étables, bergeries, etc., le tout ceint d'une muraille, ainsi qu'un moulin à eau, le Moulin de Sommeron, et un four banal construits un peu à l'écart. Au fil du temps, les laboureurs, manouvriers, meuniers, boulangers, forgerons, maréchaux, rouages d'une exploitation et économie complexes, viendront se fixer à proximité de la cense. Ce hameau naissant deviendra progressivement un village à part entière qui ne s’émancipera de Clairfontaine qu'à la période révolutionnaire. Au même moment, sera construit un second moulin à eau sur le territoire de Sommeron : le Moulin du Bois-Locquet.
Localisation des moulins de Sommeron (1) et du Bois-Locquet (2) sur carte IGN (source : Géoportail)
Moulin à eau (usine à blé), assis sur le Sommeron ou Librette, affluent de l'Oise, probablement fondé au XIIe siècle, en même que la cense abbatiale dont il faisait partie intégrante. Propriété de l'abbaye Saint-Nicolas de Clairfontaine jusqu'à la Révolution, il sera par par la suite transformé en ferme et son étang rebouché.
En 1536, lors d'une incursion des Impériaux, les abbayes de Clairfontaine et Saint-Michel sont incendiées. Les religieux se dispersent. Les habitants, pour ceux qui ont survécu, désertent leurs fermes et leurs villages ruinés pour se réfugier plus à l'intérieur des terres françaises. De retour de leur exil forcé, les moines retrouvent la cense de Sommeron à terre, désertée et ses anciennes cultures envahies par une épaisse végétation. Il faut tout rebâtir mais les caisses sont vides faute de revenus. L'abbaye cherche longtemps un nouveau preneur capable d'entreprendre à ses frais une telle restauration, éminemment coûteuse.
C'est finalement à Philippe 1er de LONGUEVAL, chevalier, premier gouverneur de La Capelle, cité voisine récemment fortifiée par François Ier, que fut confiée la réédification du domaine de Sommeron. Par bail emphytéotique du 23 août 1540, passé devant Jean CHEDAILLE, notaire royal à Vervins, l'abbé de Clairfontaine lui afferme pour 99 ans la « maison, cense, terres, prez, bois, moulins, estans [étang] de Sommeron et le Petit Sommeron » (Arch. dép. Aisne, H 857 ; transc. : H 857 sommeron). Les héritiers de Longueval s'autoproclameront par ailleurs, en vertu de cette emphytéose, seigneurs de Sommeron (id.). Dans ce document les religieux de Clairfontaine témoignent directement de leur état de dénuement comme de celui de désolation de la cense abbatiale :
- "[...] disant lesdits relligieux que comme au moien des guerres et divisions qui ont et pris naguerres cours entre le Roy notre sire et l'empereur, ils aient esté contraints, eux, leurs fermiers et sujets de quitter et abandonner leurs abbaye, maisons, censes et tenances, estans scituez en pays limitrophes et prochains des ennemis, et eux retirée en lieu de seureté, a l'occasion de quoy auroient a leur retours trouvé leurs maisons censes et tenances en grande ruine et desolation, specialement la maison et cense de Sommeron et le petit Sommeron [...]"
- "[...] laquelle cense ils ont trouvé totalement perie et en non valleur, les edifices d'icelle ruinés et abolies, le terres en friche, bois et savart, et les prez couverts de buissons et choses inutiles, tellement que pour les reduire en nature et valleur est convenu faire un grand nombre de deniers, cognoissance ne leur en est possible pour les insuportables pertes qu'ils ont eu durant lesdites guerres et le petit revenu qu'ils ont de leurdite cense et maison, aussy que les preneurs d'icelle ont esté contraints les quitter et abandonner n'aiant puissance de la reduire et remettre sur, ny de payer aucune chose des charges ausquelles ils la tenoient [...]"
Durant la première moitié du siècle suivant, l'usine à blé de Sommeron est affermée par l'abbaye de Clairfontaine à la dynastie meunière PERCHE (au moins trois générations), que l'on retrouve également dans les moulins de Saint-Gobert et Houry, près de Vervins. Elle entre ensuite dans le giron de la famille GUDEVERT qui obtient des religieux de Saint-Nicolas, un bail à titre de rente qui leur confère une quasi propriété des lieux (ils sont d'ailleurs désigné dans certains actes comme « propriétaires »). Ne l'ayant exploité eux même que par intermittence, ils en confièrent l'exploitation par arrières-baux à une succession de meuniers, de différentes de familles. En 1707, la famille LARMUZEAUX, importante dynastie meunière de l'Avesnois-Thiérache, y entre pour y demeurer jusqu'à l'aune du XIXe siècle (par le biais des femmes à partir de la 3e génération).
Le bail accordé au meunier Mathieu LARMUZEAUX, en 1717, nous renseigne sur la composition du domaine du moulin à cette époque : «le moulin consistant en deux moulages, bastie de bricques et callioux, couverts d'ardoize, contenant deux espaces, pavillions, batimens en dependant, jardin fruitiers et autres heritages, ensemble tous les prez et terres [...] le tous scituez a Sommeron, paroisse de Clairfontaine, les bosquet, les chaussez et estang, ustancille servante audit moulage, tous les bastimens en dependant [...] les deux jardins qui sont entre l'etrang et le chemin qui conduit a La Capelle [...]»
Qualifié d' "ancien moulin" dans le recensement de 1876, il est transormé en ferme.
Moulin à eau construit fin XVIIIe, début XIXe siècles, assis en amont du Moulin de Sommeron, sur le même ruisseau. Aujourd'hui ruiné ; ne subsitent plus qu'un bâtiment fort délabré, les digues et la dépression formée par l'étang asséché, le tout recouvert de bois.
Propriétaires, meuniers et auxiliaires du moulin du Bois-Locquet
av. 1805 - 1807 :
Charles Élie FAYE x Marie Hélène DEMARCQ
Constructeurs, Propriétaires, Meuniers
- Né en 1767 à Clairfontaine, fils de Jean Baptiste et de Marie Louise LIGNIER.
- Née en 1763, fille de Pierre Joseph et de Marie Jeanne MERLENT.
- Mariés le 30 janvier 1792 à Clairfontaine, dont Marie Joseph, ° 18/10/1806 à Sommeron.
- 11/05/1805 (21 flor. XIII) : droit d'hypothèque au profit d'Ambroise GONTHIER, marchand à La Capelle, contre Charles FAYE-DEMARCQ dem. au Bois-Locquet, com. de Sommeron, pour sûreté d'une créance de 56 fr. (acte de conservation d'hypothèques du 12/10/1807, HUET J.B., not. à Clairfontaine ; AD02, 313 E 548).
- 11/04/1807 : droit d'hypothèque au profit de Joseph Florimond DUSSARD, propriétaire dem. à Chevesne, contre Charles FAYE, meunier dem. à Clairfontaine, pour sûreté d'une créance de 276 fr., sur un moulin sis à Clairfontaine, rue de Sommeron, d'une lisière du levant aux hoirs Charles PRUDHOMME, d'autre à Joseph CLIN, du midi au Bois Loquet, du levant à PRUDHOMME (id.).
- 13/06/1807 : droit d'hypothèque au profit de Charles Louis DEVIN, huissier à La Capelle, contre Charles FAYE, ci-devant meunier dem. à Sommeron, et M. Hélène DEMARCQ sont épouse, pour sûreté d'une créance de 130 fr., sur une maison, moulin et héritage de la contenance de 27 ares 87 centiares, situés aud. Sommeron, lieu-dit le Bois-Loquet (id.)
- 29/09/1807 : Vente par Charles Élie FAYE, maréchal, et Marie Hélène DEMARCQ, sa femme, dem. à Saint-Lot (Gergny), au profit de Bénoni MAHY, meunier, et Sophie PRÉMONT sa femme, d'un "moulin à eau faisant de bled farine, avec les ustensiles, la maison, les bâtiments, lieu et héritage en dépendant, le bâtiment servant d'emplacement audit moulin construit en terre et bois, couvert d'..i et de paille, garni de meules, roue, rouet, lanterne, trémis, bluterie, nouvellement construits, quoi qu'il en soit très défectueux, les autres bâtiments consistant en une espace séparée dudit moulin et servant de logement au meunier, construite en terre et cailloux, couverte de paille, le tout édifié sur vingt ares seize centiares représentant cinquante verges en terre, chaussée et étang, scitués sur le terroir de Sommeron, vulgairement appelé le Moulin du Bois Loquet, tenant du levant à la veuve et l'héritier de Pierre PRUDHOMME, ruisseau entre deux sur l'héritage de ceux-ci, du couchant à la veuve Nicolas DAVOINE et autre, aboutissant du midi sur le Bois Loquet, du nord sur les hoirs de Louis LEMAIRE", appartenant aux vendeurs comme ayant fait construire lesdits moulin et bâtiments, moyennant la somme de 1876, 55 francs, représentant 1900 livres tournois (lt), que les acquéreurs acquitteront de la manière suivante : 400 lt au 5 octobre prochain, 700 lt le 17/04/1808 et 800 lt le 12/12/1808, avec l'intérêt à raison de 5% l'an, sans retenue, de la somme de 400 fr. seulement sur le prix principal ; les acquéreurs demeureront dispensés du payement de l'intérêt de la somme de 1500 fr. formant le surplus dudit prix (HUET J.B., not. à Clairfontaine ; AD02, 313 E 548).
- Décédé en 1861.
1807 - ? :
Bénoni MAHY x Sophie PREMONT
Propriétaires, meuniers
- Né le 28 avril 1783 à Clairfontaine, fils d'Augustin, meunier du moulin d'Écoutes'il-Pleut (Clairfontaine) et de Magdeleine
ROBERT. - Née le 27 mars 1783 à Clairfontaine, fille d'Alexis Joseph, marchand, et de Marguerite MOUZIN.
- Mariés à Clairfontaine le 26/09/1804.
- 29/09/1807 : acquisition du moulin (cf. supra)
- Ensuite au moulin de Wimy.
Date de dernière mise à jour : 28/04/2024